L'infirmier libéral au chevet de la prévention

Forces vives de la prise en charge et de l’accompagnement au quotidien des patients, les infirmiers libéraux représentent un pilier du déploiement de la prévention santé en France. La proximité avec les malades et leurs proches favorise la sensibilisation et l’acquisition de bonnes pratiques préventives, appelant à une valorisation de ce type de mission. En ligne de mire : la création du statut d’infirmier référent et une meilleure coordination des acteurs de santé de proximité.

 

Nombreux (environ 135 000) et relativement bien répartis sur l’ensemble du territoire national, les infirmiers et infirmières libéraux sont, littéralement, les professionnels de santé les plus proches des patients, puisqu’ils interviennent à leur domicile 98 % du temps. Une spécificité utile dans un contexte de renforcement de la prévention santé en France. « De fait, les infirmiers libéraux réalisent déjà des actes de prévention… Sans qu’ils soient reconnus ni valorisés. Certaines recommandations délivrées lors des soins font partie de ce spectre, à l’instar des conseils nutritionnels pour les patients souffrant de cholestérol », souligne Daniel Guillerm, infirmier libéral et président de la Fédération Nationale des Infirmiers et de la Fédération Française des Praticiens de Santé. Pour aller plus loin, il propose de mettre en place des consultations infirmières dédiées à la prévention et de valoriser l’éducation thérapeutique indissociable de l’autonomisation des usagers en matière de prévention. « Le défi à relever est de faire en sorte qu’à chaque contact avec un patient, des actions de prévention rémunérés soient mis en place, en complément des soins prodigués. »

 

Infirmier référent : un chaînon manquant ?

Parmi les réponses au besoin d’accompagnement des patients dans l’appropriation des comportements préventifs en santé : la création du statut d’infirmier référent, en cours de d’étude par les pouvoirs publics. L’intérêt ? « Compléter les missions exercées par les professions de médecin et de pharmacien pour bâtir un triptyque de sensibilisation aux gestes fondamentaux, socle solide dans la prise en compte du double défi à relever : le vieillissement de la population et la hausse des maladies chroniques. Les infirmiers ont un rôle à jouer, car les interventions au domicile donnent notamment accès à des informations non visibles dans l’espace public », insiste Daniel Guillerm, qui confie « préférer le terme « infirmier de famille » à « infirmier référent », en accord avec un concept défendu par l’Organisation Mondiale de la Santé et une volonté de s’inscrire le concept de la prévention dans une approche d’individu-famille, cette dernière restant un acteur-clé de la vie. »

 

Coordination et proximité territoriale

L’évolution des missions des infirmiers renvoie à un enjeu majeur pour le système français : créer des synergies entre les différents acteurs de santé d’un territoire donné, à tous les échelons de la prise en charge. Trois lois cadres (Bachelot 2009, Touraine 2019 et Ma santé 2022) ont en effet défini autant de niveaux de coordination autour du patient avec des prises en charge cliniques de proximité, des approches populationnelles via notamment les CPST (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) et des accompagnements complexes d’un point de vue médico-social, matérialisées par les DAC (Dispositifs d’Appui à la Coordination). « La question est aujourd’hui de bien utiliser et organiser ces différentes structures qui, malgré leur statut d’objet social, ne répondent pas à tous les besoins, ont parfois du mal à s’implanter et ne présentent pas toujours de plus-value mesurable », regrette Daniel Guillerm, qui appelle à plus de mobilisation des pouvoirs publics et estime qu’il faudrait également une loi de programmation axée sur la prévention, fixant des objectifs sur 5 ou 10 ans et non dans un cadre annuel comme c’est actuellement le cas avec la LFSS (Loi de Financement de la Sécurité Social).

Source : Coordination et proximité sur le territoire pour faire avancer la promotion santé, par Daniel Guillerm