Les sciences comportementales offrent un cadre opérationnel performant pour renouveler les approches prophylactiques en santé. En s’appuyant sur une méthodologie simple et en travaillant main dans la main avec des partenaires experts, il est possible de concevoir, mais aussi de déployer et de faire vivre des projets dont l’impact est réel et durable sur le bien-être des populations, et notamment des jeunes.
Prévenir plutôt que guérir
Le système de santé français est appelé à muter pour mieux répondre aux défis sanitaires modernes : nouveaux modes de vie, vieillissement de la population, chronicisation des pathologies… Autant d’évolutions sociétales et sanitaires qui rendent indispensable un changement de paradigme consistant à passer d’une prise en charge médicale basée sur les soins et le curatif à des approches orientées sur la prévention de l’apparition ou de l’exacerbation des troubles.
Problème : les freins au changement individuels entravent cette bascule. « Les gens ont de mal à modifier leurs habitudes, aussi mauvaises soient-elles », résume Nicolas Fieulaine, Chercheur en psychologie sociale à l’Université de Lyon. « Ils doivent donc être accompagnés par les institutions pour faciliter la prise de conscience et l’évolution des comportements. »
Les actions s’appuyant sur les sciences comportementales représentent à cet égard une approche innovante, s’intéressant en premier lieu à l’identification des freins et des leviers susceptibles d’inciter les individus ou des groupes à changer leurs habitudes. La diversité de types d’intervention, sur le fond (renforcer la littératie, augmenter la motivation, agir sur l’environnement ou les normes sociales…) comme sur la forme (campagnes de sensibilisation, design actif, serious game, animations…) assure de pouvoir toucher toutes les catégories socio-professionnelles et tranches d’âges. Les jeunes sont notamment une cible privilégiée, dans une dynamique d’intégration des gestes préventifs au quotidien dès l’enfance, avec diffusion au cercle familial.
Monter son projet en 5 étapes
Les projets combinant sciences comportementales et santé sont amenés à se multiplier, avec pour l’heure quelques freins persistants : méconnaissance des objectifs, des mécaniques et, surtout, des possibilités. Les cahiers experts de la Fondation APRIL (lire encadré à la fin de l’article) apportent des pistes de réponses, via une mise en contexte globale, un focus sur les jeunes et leur santé et la présentation de projets concrets et reproductibles, illustrant le potentiel et la diversité des approches.
Également à disposition : la méthode TESTS, une méthodologie simple et éprouvée, dont chacun peut s’inspirer pour optimiser ses démarches et se lancer sereinement dans un projet de ce type.
Conçue par le BIT (Behavioural Insights Team), la méthode TESTS s’articule autour de 5 étapes clés :
• Target (cadrage) = définir les objectifs et les contours du projet. L’efficacité d’une expérimentation repose sur un ciblage précis nécessitant d’identifier avec clarté le comportement à modifier et la population concernée.
• Explore (diagnostic) = explorer le contexte en profondeur. Cette phase consiste à analyser les données existantes et à en collecter de nouvelles pour comprendre les freins et les leviers qui déterminent le passage à l’action. Le diagnostic doit être holistique, considérant les freins d’ordre informationnel, motivationnel, psychologique, social ou pratique.
• Solution (intervention) = structurer l’action. Sélectionner, développer et pré-tester une ou plusieurs solutions fondées sur les résultats du diagnostic et sur des principes comportementaux validés, réalistes, faciles à adopter dans le contexte de l’intervention.
• Test (évaluation) = mesurer précisément les résultats. Un projet doit être évalué de manière rigoureuse pour mesurer son efficacité et s’assurer que les actions produisent les résultats escomptés, avant de communiquer autour des leçons apprises, réussites comme échecs.
• Scale (mise à l’échelle) = accroître l’adoption. Une fois l’efficacité démontrée, le projet a vocation à être déployé à une plus grande échelle, de façon à maximiser son impact.
Au-delà de la diffusion, il est idéalement recommandé de concevoir des expérimentations susceptibles d’être déclinées à d’autres territoires. Nulle obligation, mais la certitude d’avoir apporté une plus grosse pierre à l’édifice collectif du développement de la prévention santé en France. « Il est également bon de rappeler que les retours d’expériences, en France comme à l’étranger, mettent en lumière les bénéfices d’une co-construction. Impliquer les utilisateurs finaux du dispositif lors de sa conception assure une bonne adéquation avec les attentes, tant en termes de service que d’ergonomie », complète Wendy Lucien, neuropsychologue et porteuse de projet.
La force de l’accompagnement expert
Monter un projet de sciences comportementales en santé peut sembler délicat pour des tas de raisons : conceptuelles, techniques, logistiques, financières… Une solution passe alors par le soutien de structures tierces, expertes en sciences sociales et capables d’offrir de multiples services et conseils, depuis la mutualisation des connaissances et retours d’expérience jusqu’à l’amplification de la portée et la reproductibilité de l’expérimentation, en passant par des évaluations rigoureuses.
La Fondation APRIL fait à cet égard partie des interlocuteurs vers lesquels se tourner : « L’une de nos convictions est l’importance de fédérer un écosystème d’acteurs, car la santé est l’affaire de tous et nécessite une approche holistique alliant rigueur scientifique et pluridisciplinarité. C’est pourquoi la Fondation se positionne comme un « facilitateur de dialogue, d’innovation et d’action » entre l’ensemble des parties prenantes, qu’il s’agisse d’experts, de professionnels de santé, d’associations ou d’acteurs de terrain », explique Sophie Ferreira Le Morvan, Déléguée générale de la Fondation APRIL.
Plusieurs projets d’envergure sont déjà accompagnés. Bientôt le vôtre ? Contactez-nous : contact@fondation-april.org