La prévention par le plaisir

Cahier expert

29 février 2024

Le regard de… Michel Billé, sociologue, ancien directeur adjoint de l’Institut Régional du Travail Social de Poitiers, président de l’Union Nationale des Instances et Offices des Retraités et Personnes Âgées et membre du Conseil scientifique de France Alzheimer.

 

Prévention santé : tous responsables, mais pas coupables

Si chacun est responsable de sa santé, il n’est pas nécessairement coupable lorsque cette dernière vient à se dégrader. Le « potentiel de santé » d’une personne est la résultante multiples interactions entre son capital génétique et son environnement. Lorsque l’environnement est favorable et le capital génétique positif, il devient relativement aisé de préserver seul de sa santé. À contrario, lorsque l’environnement (conditions de travail, facteurs environnementaux, vulnérabilité biologique ou sociale…) est mauvais, voire hostile, l’individu ne peut être tenu pour (seul) responsable du maintien de son potentiel de santé. L’implication collective prend alors tout son sens, avec un accompagnement et des conseils qui gagnent à être bienveillants et personnalisés pour se révéler réellement efficaces.

 

Positiver les approches pour mieux changer les comportements

La réprimande et la culpabilisation ne servent à rien pour faciliter l’acquisition de nouveaux comportements et développer les bons gestes préventifs. Les sciences comportementales confirment qu’il se révèle bien plus productif de trouver une manière motivante de dire les choses, d’inviter à la réflexion, à l’analyse des situations, plutôt que d’imposer une interdiction. Les messages de prévention doivent être formulés de façon positive, pour qu’ils permettent à chacun de se rassurer au lieu de s’inquiéter. Un exemple ? Il est préférable de décorréler l’activité physique de la notion de performance et de gestion du poids, mais plutôt l’associer au plaisir du corps en mouvement à travers une activité susceptible de s’adapter aux envies et possibilités de chacun. Une évolution de vocable et d’intentions qui gagnerait à s’étendre au milieu médical, particulièrement dans l’injonction et le contrôle : il faut « se faire suivre » ou « surveiller » par un médecin qui « prescrit une ordonnance ». Il conviendrait plutôt d’opter pour des termes renforçant l’idée de liberté : un professionnel de santé qui « veille sur » nous et « suggère » des traitements…

Source : Réconcilier prévention et plaisir, une alternative efficace à une approche santé culpabilisante ? par Michel Billé