QUEL RAPPORT À LA SEXUALITÉ POUR LES 18-25 ANS ?
13 août 2024
Épiphénomène ou reflet de la société moderne, les jeunes avouent un rapport distant à la santé sexuelle… ainsi qu’aux aspects relationnels eux-mêmes, qui ne représentent pas nécessairement un sujet prioritaire dans leur développement personnel.
La sexualité des 18-25 ans est épanouie… sans plus : 1 jeune sur 5 reconnaît une insatisfaction, contre 2/3 de satisfaits. 5 % déclarent des troubles d’origines physiologiques (règles douloureuses, endométriose…) et 3 % des problèmes liés aux rapports (troubles de l’érection, manque de désir sexuel, douleurs associées…). Des chiffres rares, tirés de l’étude « Les jeunes et leur santé »1, à mettre en parallèle de la gêne persistante pour les jeunes à évoquer la santé sexuelle une fois sortie de leur sphère privée. Les professionnels s’inquiètent, à l’image de Vincent Persuanne, président de la Fédération des Espaces pour la Santé des jeunes : « La période de la Covid-19 s’est assortie d’une chute importante des demandes d’accompagnement autour des questions de vies relationnelles et sexuelles. L’une de nos hypothèses est que le sujet redevient tabou et qu’il dépend de facteurs culturels, mais également des réseaux. Certains experts estiment que nous retournons trois décades en arrière, alors que dans un même temps, la pornographie est présente très tôt dans la vie des jeunes, et de façon incontrôlée, les jeunes se basant dessus dans le but d’acquérir des connaissances ? » Un (mauvais) exemple qui mène à des blocages ou des comportements inadéquats et, parfois, des prises de risques.
Comportements à risque, dépistage et désintérêt amoureux
Relativisons : tous les jeunes ne sont pas exposés aux risques majeurs en matière de santé sexuelle. Ils ne sont de fait que 11 % à reconnaître des rapports non protégés avec des partenaires occasionnels et 9 % à s’adonner à des pratiques à risque (chemsex, prise de drogue durant les rapports…) De nombreuses problématiques sanitaires, en particulier infectieuses, sont toutefois susceptibles de concerner un plus large public, mais semblent absentes des esprits. Certaines IST sont relativement bien connues (VIH, herpès, hépatite B…), mais les actions de dépistage restent marginales, 75 % des jeunes présentant une vie sexuelle n’en réalisant pas de façon régulière.
Une analyse des réseaux sociaux permet de compléter le tableau du rapport des 18-25 ans à la sexualité, en mettant en lumière une tendance, certes moins risquée, mais guère stimulante : faire des rapports sociaux et amoureux un obstacle à une bonne santé et à un développement individuel efficace. « Si le contact est pointé comme positif, l’accumulation des sorties et la dépendance affective, au détriment du sommeil et de la réalisation de ses objectifs individuels est perçue comme préjudiciable. « L’expression « se concentrer sur soi-même », dérivée du hashtag américain #focusonyourself, prônant une forme de repli et de retrait de la vie amoureuse, est par exemple très présente en ligne », illustre Anthony dos Santos, co-fondateur du cabinet d’ethnographie Uptowns.
Au final, qu’elle soit vécue directement, par écrans interposés ou dédaignée, la sexualité des jeunes appelle à plus d’information et de sensibilisation, pour plus de plaisir et de sécurité.
- Étude BVA Xsight pour le compte de la Fondation APRIL.